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Monologue avec ma fille...
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29 août 2014

4 jours interminables... jusqu'à ton envol.

Jeudi midi, le médecin de garde nous explique la procédure :

-          samedi, revenir prendre un 1er cachet pour aider le col à se dilater.

-          Lundi matin, rdv à 8h pour une longue journée, avec prise de cytotec pour déclencher les contractions, et attendre...

 

A un moment donné, j'ai pensé « mais c'est dégueulasse, j'ai quelque chose de mort à l'intérieur de moi !! »

Puis très vite, j'ai changé d'avis : mon bébé est peut être mort, mais il est toujours là, avec moi... et je ne veux pas qu'il parte !! D'ailleurs toi non plus ne doit pas avoir envie de partir, parce que je n'ai toujours aucun signe annonciateur du drame...

Mon ventre est juste bizarre, comme cartonné. Je ne sens plus rien, on pourrait enfoncer une aiguille dedans... Je me dis que ça doit venir de ce fichu cachet.

2 jours passent, à accepter l'inacceptable. Avec le recul, ils ont été nécessaires ! Juste pour nous permettre de prendre conscience de ce qui se jouait...

Samedi matin, prise du 1er cachet. Le médecin de garde est toujours aussi gentille, prend le temps de répondre à nos questions.
J'avais très peur de ne pas réussir à le garder ce cachet, parce que je n'avais pas envie que tu sortes de mon ventre... Me connaissant, je risquais fortement le vomir...

En l'avalant, j'ai pensé « au revoir mon Bébé... »

 

Le we a été très long par la suite... On avait bien compris ce qui s'était passé, on savait qu'on ne pouvait pas revenir  en arrière.

On a énormément pleuré chez ton Papi et ta Mamie... Eux qui se faisaient une joie de te savoir enfin en route, après toutes ces années de galère et de traitement !

A ce moment là, je suis un vrai zombie...

Dimanche, je passe 45 min à chercher comment m'habiller ! C'est insoutenable de voir ce gros ventre... mort !

Insoutenable pour moi, et pour les autres ! Je vois bien que ton Papa ne veut plus me voir nue.

Je déteste mon corps !!

Je te parle, peut être pour la première fois... Je te dis qu'on t'aime, que tu seras notre 1er enfant, notre ainé. Je te dis au revoir...

Je n'ai qu'une peur à ce moment là : qu'on me demande de pousser pendant l'accouchement!!

Non, je ne pousserai pas ! Ce n'est pas moi qui veux faire sortir ce bébé, ils n'auront qu'à aller le chercher !

 

Lundi 18 août, le premier jour du reste de ma vie...

Je suis isolée dans une chambre calme, je n'entends rien.

Ton Papa et ta Mamie vont rester avec moi, le temps qu'il faudra.

Mauvaise surprise en arrivant : le médecin de garde a changé, et celui-ci n'accepte qu'un seul accompagnant !!

Ils vont donc se relayer toute la journée. Je suis choquée ! Je pense à eux, qui vont devoir attendre à tour de rôle dans la salle d'attente, avec les futures mamans...

Et ton Papa qui ne supporte pas les hôpitaux... il est servi !

D'ailleurs il s'échappe très vite, et c'est avec ta Mamie que je rencontre le médecin de garde. Une très jeune femme. L'air un peu sèche au début... Elle est accompagnée de la sage femme qui va m'aider toute la journée, notre ancienne voisine !

Elle me demande de lui expliquer ce qui va se passer (pour voir si j'ai bien compris, ou alors pour vérifier mon état mental ?), puis me demande si je souhaite qu'une autopsie soit pratiquée (oui : j'ai besoin de savoir !!).

Puis vient un moment d'intense émotion...

Alors que je pensais que ton petit corps serait incinéré avec les déchets de l'hôpital, elle m'explique que tous les bébés comme toi sont incinérés ensemble, et vos cendres sont ensuite dispersées dans un jardin du souvenir, au sein de l'hôpital à Bordeaux...

Je pleure... Alors qu'à ce moment là, on ne veut toujours rien savoir sur toi...

 

Je prends mon 1er cytotec à 9h30. J'apprends qu'il est à renouveler toutes les 3h, j'ai l'impression de t'empoisonner...

Les premiers saignements arrivent très vite.

12h30, 2ème prise.

13h, je commence à avoir bien mal au ventre, j'appelle pensant avoir un doliprane.

La sage femme m'examine (merde, ça fait mal ça !!). La dilatation est lente, mais elle m'envoie en salle de travail pour installer la péridurale.

Depuis le début, elle sent que ça va aller vite (même si elle nous a prévenus en arrivant que je pouvais aussi accoucher le lendemain !!)

Je tremble de tous mes membres... J'ai peur, je suis tétanisée. Je n'arrive pas à me contrôler, c'est horrible. Si on me pique tout de suite, ça veut dire que ça va être rapide ? Bientôt tu ne seras plus là, avec moi... J'ai pas envie...

Et en même temps, je me dis que c'est bien que ça se passe vite (je ne sais pas encore que je vais devoir rester la nuit en observation...)

La péridurale, ce n'est pas ce qu'il y a de plus agréable... Mais je ne vais pas souffrir pour rien non plus. Il faut le temps de la faire (j'ai l'impression qu'on me pique 10 fois !!) et une fois que le produit fait son effet... on attend.

 

Tout au long de la journée, le personnel médical s'est relayé et nous a aider à cheminer...

Et petit à petit, l'idée germe...

J'ai compris que ce n'est pas un vulgaire bout de viande qui va sortir de moi, mais c'est notre enfant... Mon tout petit...

J'aime bien l'idée du prénom mixte (on ne veut pas connaître ton sexe). Je ne conçois pas de te donner un des prénoms qu'on avait choisi...

Pardonne-moi mon bébé, mais tu n'es pas celui qu'on attendait...

 

14h40, je recommence à avoir mal au ventre. Comme des douleurs de règles, mais plus haut. Ca doit être une contraction... Je ne sais pas, j'en n'ai jamais eu...

Je me refais une dose de péri... Je contracte plusieurs fois de suite, j'appelle la sage femme (qui se rend compte que la péri ne risque pas de fonctionner : elle n'est pas activée !)

Ton Papa sort faire un tour, ta Mamie attend dans le couloir que la sage femme finisse de m'examiner...

Je la vois mettre le masque, préparer le plateau... On est toutes les deux...

-          « ça a bougé au niveau du col? »

-          « Non... »

Elle me ré examine, je sens qu'elle attrape quelque chose du bout des doigts... et je te sens passer...

Je suis tétanisée et en même temps rassurée que ce soit enfin fini. Il est 15h15...

-          « je crois que c'est une petite fille... »

Camille s'est imposé à moi... puis il était sur notre liste !!

C'est doux comme prénom...

A ce moment là, pas un bruit. Je ne pleure pas, toi non plus... Je suis devenue une maman, une maman sans enfant. Camille, ma fille-papillon qui s'est déjà envolée...

 

Avec ton Papa (qui est vite revenu), on décide de ne pas te voir...

Je t'imagine si petite... trop petite ! Je ne veux pas voir un bébé avec une tête de la taille d'une tête de Barbie. Ce n'est pas normal !

Puis je n'ai jamais vu de mort, je ne veux pas que tu sois la première. Et j'ai surtout peur que tu ressembles fortement à l'un de nous... J'aurai l'impression de nous voir mort !

La sage femme nous dit que ta couleur n'est pas très... jolie, du fait que tu sois sans vie depuis une quinzaine de jours déjà... Ton Papa n'arrête pas de demander si tu es bien formée... La réponse est oui.

 

Après je me souviens juste avoir eu mal pour l'expulsion du placenta. Je serrais la main de ton Papa. J'étais un peu « spectatrice » de ce qui se passait... Comme sortie de mon corps, ailleurs...

En état de choc...

 

Je n'ai craqué qu'une fois en chambre, dès que ton Papa est parti et que je suis restée seule, et vide...

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